Comme le silence ou l’ombre ne sont pas simple absence de lumière et de sons, le vide ne peut se réduire au seul envers négatif d’une plénitude d’objets. D’un point de vue phénoménologique, il a une réelle présence, celle qui nous saisit lorsqu’on entre dans un espace solitaire. Le vide nous permet la sensation vive de cet espace, il en appelle l’expérience concrète et réjouie. Il incite aux parcours, à la déambulation du corps comme aux flâneries du regard sur les diverses matières qui le délimitent.
Les milieux vides bruissent de possibles. Les atomistes antiques en faisaient la condition d’apparition des mondes, par les rencontres fortuites qui s’y produisent. La physique quantique en démontre l’énergie, le bouillonnement de particules virtuelles.
Dans nos vies bien souvent surencombrées, faisons donc place à l’étrange luxe du vide.
Georges Iliopoulos