« regarder un animal dormir et voir alors son corps se soulever lentement ou parfois fébrilement, c’est pour ainsi dire vérifier qu’il est lui aussi déposé sur ce seuil, frange où l’être semble se recueillir et s’accepter intégralement dans l’existence […]. La rêverie qui vient face aux animaux endormis est à la fois ample et mélancolique : ample parce qu’elle a, naturellement, les traits d’une dilatation de notre conscience d’exister ; mélancolique parce que cette dilatation même se fonde sur la communauté du périssable, qui est ce qui est enjoint à tous les mortels. »
Jean-Christophe Bailly, « Les animaux sont des maîtres silencieux ».