En Grèce archaïque, les routes n’étaient pas « tracées » mais « taillées », « découpées » (témnein) dans les terres sauvages. « Découpées » comme l’étaient soigneusement les parts des sacrifices dans le réseau serré des entrailles. [1]
Ce soir, debout dans la cuisine où des dieux observent attentivement [2], ce sont aussi des voies, ténues mais profondes, qu’on prépare au couteau dans notre « pâture d’éphémères » [3]. Celles obligées de l’hospitalité et du partage.
Georges Iliopoulos
Planches à découper House Doctor.
[1] Marcel Detienne, Apollon le couteau à la main. Une approche expérimentale du polythéisme grec [1998], Gallimard (« Tel »), 2009.
[2] « En toutes les parties de la Nature il y a des merveilles ; on dit qu’Héraclite, à des visiteurs étrangers qui, l’ayant trouvé se chauffant au feu de sa cuisine, hésitaient à entrer, fit cette remarque : “Entrez, il y a des dieux aussi dans la cuisine.” » (Aristote, Les Parties des animaux, trad. P. Pellegrin, Livre I, chapitre 5, GF-Flammarion, p. 58)
[3] Jean-Pierre Vernant, « Le corps divin », dans L’individu, la mort, l’amour. Soi-même et l’autre en Grèce ancienne, Gallimard (« folio histoire »), 1996, p. 18.