« Neuf, l’outil n’est pas “fait“, il faut que s’établisse entre lui et les doigts qui le tiennent cet accord né d’une possession progressive, de gestes légers et combinés, d’habitudes mutuelles et même d’une certaine usure. Alors l’instrument inerte devient quelque chose qui vit. Nulle matière ne s’y prête mieux que le bois, qui vécut jadis dans la forêt, et qui, mutilé, façonné pour se prêter aux arts de l’homme, conserve sous une autre forme sa souplesse et sa flexibilité primitive. […]
Ainsi se trouve corrigée la loi des séries qui tend à l’identique et qui s’exerce dans l’outillage dès les époques les plus anciennes, lorsque la constance des types de fabrication facilitait l’ampleur des échanges. Le contact et l’usage humanisaient l’objet insensible et, de la série, dégageaient plus ou moins l’unique. »
Henri Focillon, Éloge de la main