« Si sauvages mais si présents […], si familiers et pourtant si furtifs, indomptés, et c’est là un style de présence étonnant. Les oiseaux sont des voisins mais des voisins farouches ; ils nous touchent (et comment !) mais sans que l’on puisse tout à fait les atteindre. Pris dans leur monde, ils sont déposés par leur propre vitalité et de leur propre chef dans le nôtre, occupant, enchantant, métamorphosant nos espaces ; “liminaires” (comme on le dit des animaux qui ne vivent ni sous la domestication humaine ni dans une nature inaccessible), mais surtout venant et repartant, ils apparaissent et disparaissent, attachants mais inattachés, sujets d’un battement incessant entre l’ici et le lointain, le familier et l’inappropriable.
De là, sans doute, la force des liens à ceux qui, même encagés, ne se laissent pas vraiment saisir, tout en étant tellement là. — L’oiseau ou la sauvagerie à portée de main, à portée d’oreille et de cœur. L’oiseau ou la sauvagerie adorable, l’oiseau ou la sauvagerie à même la vie quotidienne, capable de faire de nos jardins, de nos villes ou de nos oreilles des milieux poreux à des héritages fantastiques. »
Marielle Macé, Une pluie d’oiseaux, 2022.